Quand le Ultimate est Bien Plus qu'un Sport
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Les débuts
J’ai été initiée au ultimate en 2011 par une amie avec qui je jouais au basketball. Elle m’a dit : « Viens essayer le ultimate, je suis sûre que tu vas aimer ça. » Ce soir-là, dans une game de ligue, alors que je ne comprenais pas trop où courir et que le seul endroit où je voulais attraper le disque c’était dans la zone de but pour ne pas avoir à le relancer, je suis tombée en amour avec ce sport.
Après deux ans de ligue, je commençais à trouver que ma courbe d’apprentissage ne progressait plus aussi vite et j’aspirais à plus. Je me suis donc lancée dans l’univers du compétitif. J’ai tout de suite senti que j’étais à ma place. Faire partie d’une équipe, aller à des pratiques, partir en tournoi. Les même trips que quand j’étais jeune. Mais à l’âge adulte. Je ne pensais pas retrouver ce sentiment.
Hygiène de vie
Le ultimate m’a appris beaucoup en terme d’hygiène de vie. J’ai vite réalisé qu’il ne suffisait pas que je sois présente à toutes les pratiques… Mes performances sur le terrain étaient affectées par ce que je faisais à l’extérieur de celles-ci : dormir plus, mieux manger, moins manger, aller au gym, boire moins d’alcool, boire plus d’eau. Plein de petites choses qui semblent naturelles et évidentes, mais qui demandent beaucoup de motivation et des sacrifices.
Je ne compte plus le nombre de fois ou j’ai dit :
«Ah je ne peux pas, j’ai une pratique.»
«Je suis en tournoi.»
«Je dois m’entrainer.»
J’ai raté plusieurs 5 à 7, des piques-niques au parc, des weekend en camping. Des amis en dehors du ultimate ? Ça existe ?!
L’équipe devient rapidement soudée. On passe tellement de temps ensemble, sur et en dehors du terrain, que ça se fait tout naturellement. Il faut se garder motivé et quoi de mieux qu’une co-équipière pour y arriver.
On se lance des défis : on va lancer tous les jours de février, dehors de préférence. Facile si tu habites en Californie. Moins facile avec les hivers enneigés et glacials du Québec. Je vis tellement d’émotions avec mes co-équipières que lorsque la saison se termine, il y a un vide.
Réalisations
On dit souvent qu’on ne réalise pas la vraie valeur de quelque chose avant de l’avoir perdue. Le récent confinement dû au COVID-19 me fait réaliser à quel point le ultimate est bien plus qu’un sport. C’est un mode de vie. Et il affecte tellement de sphères de la mienne.
Il faut comprendre que je ne suis pas quelqu’un d’hyper active. J’adore le sport. Mais j’aime aussi le confort de mon sofa. J’ai toujours été une fille d’équipe autant dans le sport, au travail et dans ma vie sociale. J’aime sentir que je fais partie d’un groupe et que mon apport aide une cause plus grande que juste ma propre personne. Faire quelque chose juste pour moi n’est souvent pas une assez grande source de motivation. Par contre, je ne laisserai jamais tomber le groupe. Mon orgueil va toujours embarquer et me pousser à donner tout le meilleur de moi, pour le but commun.
Sans le ultimate, je n’ai pas envie d’aller au gym. Même avec le ultimate j’ai besoin d’y aller en groupe pour me forcer à me traîner les fesses et ne pas abandonner mes amies. Sans engagement sportif, rien ne m’empêche de boire de l’alcool à tous les jours. Je n’ai pas d’excuse de ne pas boire un verre à la fin de la journée. Sans l’obligation de courir à une pratique, je ne réalise pas que le burger que j’ai mangé pour souper n’était peut-être pas une bonne idée.
Co-équipières, amies, famille
Mes co-équipières sont mes amies et ma famille. Avec elles, j’en ai sué, littéralement. On se pousse à notre maximum et on se voit dans nos moments les plus vulnérables : dans les victoires et dans les défaites.
On rit aussi. Beaucoup. On va se le dire, les joueurs d’ultimate n’ont pas peur du ridicule ! Tous ces partys costumés, les selfies de voitures, les photos d’équipes funny. Ces moments n’ont pas de prix.
La distanciation sociale me fait réaliser à quel point j’ai besoin de se cette vie sociale, de ce contact humain pour mon équilibre mental.
Thérapie
Je me rend compte également que le ultimate c’est ma thérapie. Ça me permet de sortir le méchant. Quand je mets les pieds sur le terrain, j’oublie ma journée et mes problèmes. Pour quelques heures, je suis à 100% dans le moment présent. Sans distraction.
Il n’y a rien de plus libérateur que de courir, être à bout de souffle, se pousser au maximum. Ça régénère le corps et l’esprit. Je sais, je pourrais m’entrainer chez moi et sortir courir à l’extérieur. Ça me ferait un bien fou. Mais il me manque la motivation de me lever. Faire ce premier pas. Donc je reste prise avec mes pensées.
Je m’ennuie de mon équipe. Je m’ennuie de mes chums de filles. J’ai hâte de leur sauter dans les bras. De discuter autour d’un verre.
J’ai lu dernièrement un article sur les médias sociaux qui disait qu’annuler le ultimate n’était pas autant un big deal. Avec tout ce qui passe, les infirmiers et infirmières, les préposé(e)s au bénéficiaires, les commis et les livreurs, c’est bien pire pour eux. On ne peut pas se plaindre.
Je reconnais que de nombreux individus dans notre société et dans notre communauté risquent leur propre santé pour le bien de tous et je leur en suis très reconnaissante. Il est important de reconnaître ces contributions et d'avoir du recul.
Toutefois, ça ne diminue pas ce que chaque personne traverse. Le fait est qu’on pourra toujours comparer à pire en regardant notre voisin. Mais ça ne diminue pas pour autant ce que chaque personne vit. Chaque sentiment est légitime et a le droit d’exister.
Pour moi, annuler le ultimate c’est un big deal. C’est ma base qui est ébranlée. Le fondement même de la personne que je suis devenue.
Je réalise donc aujourd’hui que le ultimate fait ressortir la meilleure version de moi. Et que j’ai hâte de retrouver cette version-là.
Jess Richard s'est jointe à l'équipe de VC en 2019. Elle est notre représentante bilingue pour les ventes et l'expérience client. Contactez Jess pour discuter de tout ce qui concerne votre commande personnalisée dès aujourd'hui !