Les deux voies de la performance : laquelle choisis-tu?
T’est-il déjà arrivé de te dire que la défaite n’était pas une option?
En match, as-tu tendance à te sentir anxieux(se) juste avant de débuter un point important?
Est-ce important pour toi d’éviter les erreurs parce que tu te dis que c’est embarrassant?
Chaque fois que tu exécutes une action, tu peux aller dans deux directions : vers la recherche du plaisir ou vers l’évitement de la douleur. La direction peut varier selon la situation, mais chaque athlète a un mode dominant, qu’il/elle utilise de manière spontanée.
Par exemple, tu pourrais éviter de lancer le disque dans la zone de but, car tu ne veux pas lancer face au vent et tu frissonnes à l’idée de provoquer un revirement. Ou tu pourrais faire une passe latérale pour remettre le disque à ta coéquipière qui a une excellente maîtrise de ses lancers dans le vent, en savourant à l’avance le plaisir de voir ton équipe marquer un point. En bref, soit tu as tendance à t’éloigner de ce que tu ne veux pas, soit tu as tendance à te diriger vers ce que tu veux.
En PNL, ce comportement est associé au métaprogramme de direction de la motivation. On peut comparer les métaprogrammes à des logiciels dans notre cerveau qui traitent et classent l’information, puis qui agissent comme des filtres pour orienter nos décisions et nos actions.
Un(e) athlète peut donc utiliser le métaprogramme de la recherche du plaisir, alors qu’un(e) autre athlète utilise le métaprogramme de l’évitement de la douleur. Si tu as répondu oui à l’une ou l’autre des questions posées en début d’article, il est possible que ton métaprogramme te pousse à chercher à éviter la douleur. Si c’est le cas, tu deviens plus vulnérable aux émotions inconfortables comme le stress, la frustration, la peur, l’anxiété ou l’embarras.
Dans cet article, je t’offre une stratégie pour modifier ton métaprogramme et te reconnecter à ta passion.
La voie de l’évitement de la douleur
Pour identifier ton métaprogramme, porte attention à ce que tu te dis à toi-même. Si tu répètes régulièrement que l’échec n’est pas une option, si tu te dis que tu veux absolument gagner, si tu vises la perfection et rien de moins, il est fort probable que tu aies tendance à chercher à éviter la douleur. Cette douleur pourrait être la sensation désagréable d’être imparfait(e), l’amertume de la défaite, ou l’embarras ressenti face aux regard des autres après avoir commis une erreur.
L’évitement de la douleur est une route qui mène souvent aux émotions inconfortables, comme la frustration, le stress et l’anxiété. Si tu cherches à éviter quelque chose, chaque situation peut devenir une menace potentielle. Lorsque ce métaprogramme est activé, tu perçois les erreurs, la défaite et les obstacles comme des sources de douleur. Et puisqu’il est impossible de les éviter complètement, tu te sens peut-être rarement satisfait(e). Au fil du temps, tu pourrais commencer à percevoir ton expérience sportive comme un fardeau !
Il est important de savoir que peu importe ton mode dominant, tu peux atteindre un haut niveau en sport. Toutefois, durant leur carrière, de nombreux(ses) athlètes réalisent qu’ils/elles se sont déconnecté(e)s du plaisir. Ils/elles ont oublié qu’ils/elles ont d’abord pratiqué ce sport parce que c’était une passion, sans attentes et sans se poser de questions. Cela est dû au fait d’avoir développé un mode dominant orienté vers l’évitement de la douleur. Consciemment ou non, l’enjeu, les attentes de l’entraîneur ou des coéquipiers(ères), la présence des médias, sont tous des facteurs qui pourraient avoir dirigé(e)s ces athlètes dans cette voie.
Lorsque tu reconnais ton métaprogramme, cela te permet de comprendre pourquoi, dans les moments critiques, tu éprouves du stress, de la colère, ou de l’embarras. Si tu cherches prioritairement à éviter la douleur – en sport, on peut parler d’éviter l’échec, la défaite, les erreurs, les obstacles – il est possible que lorsque l’enjeu est élevé tu sentes une résistance mentale, car ton cerveau t’indique un danger, donc une douleur potentielle.
La voie de la paix et de la satisfaction
Même s’il est possible d’atteindre un haut niveau en sport en adoptant l’un ou l’autre métaprogramme, les deux voies n’ont pas la même influence sur le mental, le corps et les émotions.
Notre corps possède trois grands systèmes régulateurs : le système nerveux, le système endocrinien et le système immunitaire. Ces systèmes ont un langage commun, c’est-à-dire qu’ils utilisent les mêmes molécules, majoritairement des neuropeptides, pour communiquer entre eux.
Dans cette vidéo sur ma chaîne YouTube, j’explique que le Dr Candace Pert a découvert que les émotions produisaient aussi des neuropeptides, ce qui implique qu’elles influencent nos systèmes régulateurs. Des émotions inconfortables comme la colère, la peur et l’anxiété affaibliraient nos systèmes nerveux et immunitaires, alors que des émotions dynamisantes comme la joie, l’appréciation, le courage les rendraient plus forts.
Ces découvertes ont été confirmées par le Dr David R. Hawkins dans le domaine de la kinésiologie appliquée, qui a réalisé des tests musculaires pendant que les sujets expérimentaient différentes émotions en imagerie mentale. Il a démontré que certaines émotions affaiblissaient le système musculaire, alors que d’autres émotions le renforçaient.
Un métaprogramme qui serait orienté vers la recherche du plaisir pourrait donc avoir un effet énergisant et améliorer la force, la vitalité et la performance de l’athlète. Le métaprogramme de la recherche du plaisir ouvrirait la voie à un cheminement sportif plus sain aux niveaux mental et physique, plus harmonieux et source d’épanouissement personnel.
La science du coeur
L’équipe de recherche de l’Institut HeartMath, composée de médecins, de psychologues et de psychophysiologues, est parvenue à la même conclusion que les Dr Pert et Hawkins, à propos de l’effet des émotions sur le corps humain. Pour exposer leurs découvertes, il faut d’abord comprendre la variabilité de la fréquence cardiaque (VFC).
La réponse des battements de cœur face au au stress et aux changements physiologiques est appelée la variabilité de la fréquence cardiaque. Après plus de 50 ans d'études, on a découvert que la VFC serait le meilleur indicateur pour déterminer si une personne pourrait développer une maladie.
On mesure la VFC à l’aide d’un électrocardiogramme. Lorsqu’on étudie les battements de cœur, on remarque qu’il y a généralement une légère variation d'un battement à l'autre ; par exemple, si ton cœur bat à un rythme de 70 battements par minute, le temps d’un battement n'égale pas exactement un soixante-dixième de minute. Donc, sur une durée d’une minute, la moyenne est de 70 battements, il est possible qu’un battement n’ait pas tout à fait la même durée que le battement suivant.
Cette variabilité de durée d’un battement à l’autre, calculée par des ordinateurs à haute puissance, représente la VFC. Plus la variabilité est élevée, plus l'adaptabilité du cœur est grande, et cela correspond à une meilleure santé et une diminution des chances de développer une maladie.
Il y a plusieurs facteurs qui diminuent la variabilité et la fréquence cardiaque et d'autres qui l’augmentent. Le stress, la colère et autres émotions inconfortables diminuent la VFC. À l’inverse, les émotions positives, comme la joie, le plaisir, l’amitié, la confiance, l’appréciation et la gratitude, augmentent la VFC.
L’équipe de recherche de l’Institut HeartMath travaille depuis plus de 25 ans sur les mathématiques du cœur et de l’électrocardiogramme, et offre des outils aux gens pour les aider à réguler leurs émotions. Dans la formation The HeartMath Experience (que je recommande et qui est gratuite en cette période de confinement), les chercheurs expliquent que lorsque nous vivons un changement émotionnel - par exemple, lorsque nous passons de la joie à la tristesse, plus de 1400 changements biochimiques se produisent immédiatement en nous.
Ces changements hormonaux ne sont pas anodins ; ils affectent notre corps pendant plusieurs heures. Les émotions inconfortables libèrent une grande quantité d'hormones de stress dans notre système, comme le cortisol et l'adrénaline. À l'inverse, lorsque nous ressentons des émotions dynamisantes, notre corps produit des hormones régénératives, comme l'hormone anti-âge DHEA et l'ocytocine. Les hormones régénératives augmentent la résilience et notre niveau d’énergie, alors que les hormones du stress crée du chaos dans notre système nerveux et drainent notre énergie.
Il est important de mentionner ici qu’il n’existe pas d’émotion “négative”, car chaque émotion est porteuse d’un message. Le but est de devenir habile à décoder les messages envoyés par nos émotions, puis d’apprendre à les réguler en passant par le point zéro, pour ensuite générer des émotions dynamisantes.
La voie de la joie
À quoi pourrait donc ressembler un état d’esprit orienté vers la recherche du plaisir en sport?
Lorsque tu perçois chaque action comme une opportunité d’apprendre, de découvrir où tu en es dans ta progression, de reconnaître tes bons coups et d’identifier ce que tu dois améliorer pour le futur, tu es dans la recherche du plaisir. Chaque moment t’apporte alors une forme de satisfaction, tu y trouves ton compte, peu importe le résultat final. Lorsque tu identifies ce que tu as amélioré, tu éprouves de la joie et de l’appréciation. Lorsque tu découvres ce que tu dois travailler, tu ressens de la motivation à revenir à l’entraînement.
Si, chaque fois que tu exécutes une action dans l’ultimate, que ce soit un lancer, un tracé ou une marque, tu savoures le plaisir de pratiquer ce sport qui est ta passion, en plus de profiter de cette opportunité qui t’est offerte d’être entouré(e) de tes coéquipiers(ères), alors tu éprouves encore plus de satisfaction.
Plus tu focalises ton attention sur le contentement, la joie et le plaisir, ton cerveau devient programmé à diriger plus d’attention vers les sources de satisfaction et à les ressentir de manière plus profonde et durable.
Ta stratégie pour modifier ta trajectoire
Est-ce possible de modifier un métaprogramme, et de passer de l’évitement de la douleur à la recherche du plaisir? Oui c’est possible !
La première étape est d’apprendre à reconnaître et mémoriser tes succès et surtout, à revivre et intégrer les émotions qui y sont liées. Pour des raisons de survie, le cerveau est programmé pour enregistrer de manière plus vivace les obstacles que les succès. Ce qui fait que l’on doit produire un effort conscient pour remarquer, célébrer et se rappeler nos bons coups.
Si ton métaprogramme est orienté vers l’évitement de la douleur, il est fort probable que tu excelles à critiquer ta performance, identifier tes erreurs, exprimer ta déception ou ta frustration, puis à mémoriser ce qui doit être amélioré. Pour reprogrammer ton cerveau, tu veux maintenant t’entraîner à faire l’inverse : commenter ta performance, identifier tes bons coups, exprimer ta joie et reconnaître ce que tu as amélioré ! Cela ne veut pas dire de cesser d’analyser la performance, toutefois il est important de le faire au moment approprié. Durant la compétition et les simulations de compétition, tu veux entraîner ton cerveau à diriger l’attention vers le plaisir, la détermination, la volonté, le courage, la gratitude.
L’étape suivante pour transformer ton métaprogramme est d’identifier les émotions positives et énergisantes qui sont les plus utiles pour t’aider à performer, puis d’apprendre à les générer au quotidien grâce à l’imagerie mentale.
Pour y arriver, voici une technique simple de l’Institut HeartMath : focalise d’abord ton attention vers le centre du coeur, qui se trouve au niveau du sternum. Pour y arriver, tu peux toucher légèrement ton sternum. Dans son livre The Science of Self-Empowerment, l’auteur et scientifique Gregg Braden explique que lorsque tu touches un endroit spécifique sur ton corps, ton cerveau dirigera l’attention et la conscience vers cet endroit. C’est un signal ; c’est le premier langage que ton cerveau comprend. Le second langage commun entre le cerveau et le corps est la respiration. Ralentis légèrement ta respiration, et imagine que cette respiration se fait au niveau du coeur. Braden explique qu’à cette étape, ton cerveau reçoit le message suivant “je suis en sécurité.” Enfin, lorsque tu reviens au point zéro, génère une émotion dynamisante - comme la joie, la gratitude, l'amour, la paix - en imaginant une personne, un animal de compagnie ou une situation qui te fait ressentir cette émotion. À chaque inspiration, amplifie puis fais circuler l’émotion dans chaque cellule de ton corps. Reste avec cette sensation pendant quelques minutes.
La clé pour obtenir des résultats avec cette courte méditation, c’est de s’entraîner tous les jours - et non la veille du match ! - à générer l’émotion que tu voudrais ressentir en tournoi. De plus, lorsque tu prends une pause et que tu utilises cette technique pour transformer tes émotions dans un moment difficile, ton cerveau crée de nouvelles neuro-associations, c’est-à-dire qu’il associe une nouvelle émotion dynamisante à un stimulus qui était auparavant associé à une émotion inconfortable.
Faire le choix du cœur
Au final, tu peux faire le choix de prioriser la satisfaction, le bien-être et le plaisir dans ton cheminement sportif. Tout est une question de perspective. Dans quelle direction veux-tu regarder? Qu’est-ce que tu choisis d’observer? De ressentir?
- La satisfaction liée au cheminement parcouru…
- Ou la frustration liée au chemin qu’il reste à parcourir?
- La déception liée à ta progression que tu juges trop lente…
- Ou la volonté, la détermination d’avancer et de te dépasser chaque jour?
L’acceptation, l’amour, la gratitude, la joie et la paix sont des émotions puissantes qui t’élèvent et te donnent des ailes. Tu peux choisir consciemment de les intégrer dans ta vie à chaque instant.
Guylaine
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